Mon Ami, Mon Modèle

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Retour à l’Atelier

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Après 1 mois d’expo, retour de Cristobal à l’atelier pour créer, imaginer, incarner dans la...

Des écrivains inspirés par « La rédemption »

Août 9, 2023

Webstory, la plateforme d’écriture en ligne a invité plusieurs auteurs à l’atelier de l’artiste Cristobal Del Puey. Voici deux textes en lien avec le triptyque « La Rédemption ».

Dantesque triptyque

Christiane Antoniades-Menge

En haut d’une avenue plongée dans la verdure, une maison carrée et massive réserve un accès mystérieux: un escalier étroit et raide amène vers une salle qui s’ouvre sous la toiture et monte jusqu’aux poutres séculaires. Un gigantesque triptyque fait reculer les visiteurs vers la paroi d’en face.

     Nous voilà collés à la paroi d’en face. Pour prendre de la distance, pour «encaisser» ce que le triptyque présente, en personnages, en épaisseurs, en matériaux inattendus. Visages à l’agonie, désespérés, d’hommes et de femmes, criant au secours, en vain. La frayeur a figé leurs regards. Ils sombrent lentement dans leur destin, se décomposent par étapes dans l’oubli, s’amoncèlent finalement en crânes muets au bas des trois panneaux, à la recherche d’un sous-sol où ils pourraient enfin disparaître.

Hypnotisant et accablant.

    Des monstres apparaissent, profilés de plumes, d’écailles, de sang ou de dents acérées. Des personnages se présentent, grandioses dans leur puissance et pourtant si fragiles: la haine est prête à les abattre. Conscients de leur mort imminente, prisonniers de la toile, ils clament leur message: espoir et désespoir. Une coulée de métal en fusion emporte une tête coiffée d’un masque à gaz. Des yeux dorés émergent en relief des trois tableaux et accrochent nos regards. Ils semblent dire: «Regardez!… mais regardez donc!». Ils nous obligent à ouvrir encore les nôtres. Lentement, on s’approche.

     Au centre, au-dessus de la désolation et de l’épouvante s’est installée la Rédemption: son visage féminin contemple l’immensité de la dévastation. Toute la souffrance s’est compactée à l’intérieur, dans un grumeau de douleur, essoré par l’impuissance: la dernière trace en est visible dans les larmes, parfaitement silencieuses, qui jaillissent de ses yeux; il n’y a plus de place pour les pleurs et les sanglots. Protégée par des rideaux de lumières, elle regarde encore, elle surplombe la tristesse et la résignation: une certitude l’habite désormais qui la soulève et l’élève lentement, inexorablement, vers le haut…

     Déjà, les rayonnements de sa tête débordent du cadre, amorçant sa sortie du tableau, un envol, un départ vers un ailleurs.

Dante et Wagner nous rejoignent: complices, ils sont au rendez-vous.

Le chant de Cristobal

Marie Vallaury

Les couleurs frappent, les reliefs accentuent l’intensité des toiles. Dans les yeux, les positions des corps, la souffrance gêne, émeut. Mais l’or de la rédemption éclate.

Alors j’ai crié

Pieds ensanglantés d’épines, traces titubantes
Fouets claqués, dos ployés
Sous l’écrasante charge du mépris
Blancheur des os sous la peau noire
Poumon d’amiante, de charbon
Poumon d’acier
Sous la roche, l’asphyxie
Pour quelques dollars gris cendrés

Placide, le vautour guette

Avions encastrés
Les corps jaillissent comme des larmes
Des yeux de verre des géants brisés
Rêves anéantis
Chairs bafouées, saccagées
Incarcérées de haine
Voilées … ou lapidées
Terres brûlées
Recroquevillées sous l’envahisseur
Qui veut jouer à «C’est moi le plus fort» ?
Torrents de peurs
Torrents de pleurs
Torrents de sang
Sans fin

Alors j’ai pleuré

De pierre, ils marchent
Et sous leurs bottes se brisent les crânes des sacrifiés
Ils sont les gueules de la honte
Les fauves assoiffés
Trônes d’or
Rivières d’argent
Que les faibles passent leur chemin
Sur l’autel du pouvoir immolés

Seule dans les ténèbres, une flamme frissonne

Si fragile, et pourtant si forte

Le cœur, téméraire, pulse
Pompe
Une étincelle de sang
S’enhardit
La vibration monte
Et le ciel descend, écrin d’étoiles
Où s’abandonner
Irrigation, rouge delta de vie
Nourrit l’or intérieur
Resplendissant
D’une flamme naissent des centaines.                              

Alors j’ai souri

webstory.ch

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